mort, morte [2]
- 1Celui, celle qui a cessé de vivre. Ah ! c'est trop m'outrager.
- N'outragez plus les morts
. [Corneille, Nicomède]Les morts les mieux vengés ne ressuscitent point
. [Corneille, Suréna]J'ai appris d'un saint homme dans notre affliction qu'une des plus solides et plus utiles charités envers les morts est de faire les choses qu'ils nous ordonneraient s'ils étaient encore au monde
. [Pascal, Lettres]C'est pour cette raison [le Saint-Esprit résidant dans les corps des saints jusqu'à la résurrection] que nous honorons les reliques des morts, et c'est sur ce vrai principe que l'on donnait autrefois l'eucharistie dans la bouche des morts
. [Pascal, ib.]Il [le comte de Fontaines] fut trouvé parmi ces milliers de morts dont l'Espagne sent encore la perte
. [Bossuet, Oraisons funèbres]Attendons-nous que Dieu ressuscite des morts pour nous instruire ? il n'est point nécessaire que les morts reviennent ni que quelqu'un sorte du tombeau ; ce qui entre aujourd'hui dans le tombeau doit suffire pour nous convertir
. [Bossuet, Oraisons funèbres]De tout temps dans le christianisme on a prié pour les morts
. [Bourdaloue, Commém. des morts, Myst. t. II, p. 534]Les tristes dépouilles d'une illustre morte, les larmes de ceux qui la pleurent
. [Fléchier, Oraisons funèbres]Les morts après huit ans sortent-ils du tombeau ?
[Racine, Athalie]Il n'y avait de sûreté qu'en le faisant mourir.... car, dit-il en se servant du proverbe, les morts ne mordent point
. [Rollin, Histoire ancienne]D'un éternel oubli ne tirez point les morts
. [Voltaire, Sémiramis]Les justes éloges sont un parfum qu'on réserve pour embaumer les morts
. [Voltaire, Préface de l'Écossaise.]Le nombre des morts est plus grand à Paris qu'à Londres depuis deux ans jusqu'à vingt ans ; ensuite plus petit à Paris qu'à Londres depuis vingt ans jusqu'à cinquante ans ; à peu près égal depuis cinquante jusqu'à soixante ans, et enfin beaucoup plus grand à Paris qu'à Londres depuis soixante ans jusqu'à la fin de la vie
. [Buffon, Probab. de la vie, Oeuv. t. X, p. 554]Les volontés des morts sont des lois souveraines
. [Ducis, Oscar]Les morts durent bien peu ; laissons-les sous la pierre ; Hélas ! dans le cercueil ils tombent en poussière Moins vite qu'en nos coeurs
. [Hugo, Les feuilles d'automne]Un mort, une personne qu'on va enterrer.
Monsieur le mort, laissez-nous faire, On vous en donnera de toutes les façons, Il ne s'agit que du salaire ; Messire Jean Chouart couvait des yeux son mort
. [La Fontaine, Fables]Le curé de sa paroisse ayant su que c'était un bon mort, et qu'il avait le moyen de payer grassement ses funérailles
. [Boursault, Lett. nouv. t. I, p. 353, dans POUGENS]Dans le langage poétique, le rivage des morts, la demeure des morts, se dit des lieux où séjournent les morts.
On ne voit pas deux fois le rivage des morts
. [Racine, Phèdre]Croirai-je qu'un mortel, avant sa dernière heure, Peut pénétrer des morts la profonde demeure ?
[Racine, ib. II, 1]Chez les morts, se dit dans le même sens.
Mon âme chez les morts descendra la première
. [Racine, Phèdre]Tête de mort, tête dont il ne reste que la partie osseuse.
Faire le mort, retenir ses mouvements et sa respiration de manière à faire croire qu'on est mort.
Se couche sur le nez, fait le mort, tient son vent
. [La Fontaine, Fables]Fig. Faire le mort, ne pas répondre aux personnes par lesquelles on est questionné, interpellé par écrit.
Terme de jurisprudence. Le mort saisit le vif, une personne en mourant transmet son bien à son héritier, sans qu'il soit besoin d'un acte de mise en possession.
Danse des morts, voir MACABRE.
- 2 nm Mort se dit, à la tontine, d'un joueur auquel il ne reste rien de sa mise.
Terme de whist. Jouer le mort, faire un mort, jouer le whist à trois personnes, en mettant sur table et découvrant le jeu d'un quatrième partenaire imaginaire.
- 3 nm Terme de marine. Le mort de l'eau ou le mort d'eau, les marées les plus basses. On dit plutôt morte eau.
- 4Le mort, eau de chaux dans laquelle le tanneur a plongé plusieurs fois les peaux et qui a perdu sa force.
PROVERBES
Plus de morts, moins d'ennemis.
Qui court après les souliers d'un mort, risque souvent d'aller nu-pieds.
Les morts ont toujours tort, c'est-à-dire on excuse toujours les vivants aux dépens des morts.
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